En route vers SF. San Francisco, notre
première grande escale ville. On quitte les reliefs de l’Oregon, avec ses
volcans un peu partout à l’horizon et on se retrouve dans les grandes plaines
« désertiques » de la Californie. Vergers, vignes, irrigation puis
reliefs de la zone de San Andreas et enfin la vue sur la baie de San Francisco.
On a trouvé finalement un hôtel a Oakland, un peu vieillot, un personnel pas
vraiment au niveau mais pas trop grave pour 3 nuits. Un point de vue sympa avec
un lac tout proche. Nous arrivons en milieu d’après-midi et après avoir posé
nos affaires nous partons vers la ville.
Première surprise, la traversée du Bay Bridge
et la queue pour passer le péage. Une demi-heure pour s’acquitter de 5 dollars…
La ville est dans les nuages (il semble que ce soit son habitude) et nous nous
dirigeons vers le quartier mythique de Haight and Ashbury.
Les images de Jimmy, Janis et Jerry sont
toujours là, remises à neuf régulièrement pour maintenir la légende, la maison
rouge de Jimmy et les teeshirts et posters à l’infini. Et ça marche, toutes les
générations de routard et de hippies errent encore comme il y a plus de 40 ans.
Des attroupements locaux pour préparer le concert mémorial de Jerry Garcia, des
jeunes adolescents déjà les yeux dans le vague, des épaves édentées, des
personnes ivres qui parlent fort, un homme nu qui marche sur le trottoir et
dont le sexe n’est couvert que d’un petit morceau de papier doré… Un sentiment
qui tourne assez vite au malaise, comme si ce n’était qu’une pièce de théâtre, jouée
par des gens malades a la recherche d’eux même et de valeurs qui valent la
peine d’être vécues. Sans vraiment trouver depuis le temps…
De retour a Saskatoon, je suis tombé sur un
numéro spécial de Rolling Stones dédiés a Jerry Garcia, qui fut le guitariste
de mon groupe préféré des années 70, le Grateful Dead. Un des articles raconte
qu’en fait l’âge d’or de ce quartier n’a duré qu’environ un an car très vite
les personnes qui sont venues de partout pour participer à ce mouvement hippy
ont amené avec eux leur névrose et leur triste desoeuvrance. Bilan, Jerry a
quitté le quartier pour recommencer à vivre et à faire de la musique dans une
ferme a plusieurs dizaines de kilomètres de SF. Fin du mythe mais pas pour
tous. Allez, gardons les images colorées du quartier en mémoire et réécoutons
« Workingman’s dead ».